Le Diamant by Greenwood Ed & King J. Robert

Auteur:Greenwood,Ed & King,J. Robert [Greenwood,Ed & King,J. Robert]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Heroic Fantasy
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1998-12-02T23:00:00+00:00

CHAPITRE IV

UNE AUTRE ÉPREUVE POUR NOPH

Dans les rue d’Eau Profonde, au-dessus de la pierre froide du donjon, toute la population était en liesse.

Piergeiron vivait.

Il s’était relevé pendant ses funérailles, et avait raconté une histoire d’une telle puissance que deux douzaines de bardes étaient déjà en train de composer des balades à son sujet, entre les gigues et quadrilles réclamés avec insistance par la foule.

Les égouts résonnaient du bruit de milliers de pieds frappant le sol en cadence. Du haut de son balcon, Piergeiron lui-même avait béni les festivités. Khelben avait exprimé sa joie en produisant un feu d’artifice de lumières vertes et dorées au-dessus du port.

On eût dit que seul Noph ne participait pas à l’allégresse générale. Il se tenait dans la cellule où il s’était entretenu avec son père, là où une boule de feu fictive avait prétendument réduit en cendres Artemis Entreri et Trandon.

Le jeune homme poussa un grognement. Apparences, façades, illusions… Comment Khelben pouvait-il hocher la tête en écoutant le récit de Piergeiron, quand lui-même venait de trahir la ville entière ?

— Etre un héros est le métier le plus étrange du monde, se plaignit Noph à voix haute.

— Ça, c’est ce qui s’appelle toucher dans le cent, répondit une voix de basse toute proche.

Le jeune homme leva les yeux et aperçut le visage de Becil Boarskyr pressé entre les barreaux de sa cellule, qui comprimaient ses joues et lui donnaient l’air d’un basset. Ce n’était pas joli à voir.

— Peut-être parce que héros n’est pas un métier, ajouta Becil.

— Que voulez-vous dire ? cria Noph, irrité.

— Un travail, c’est quelque chose contre quoi on reçoit des atrocités compensatoires. Mais les héros n’acceptent jamais d’argent : sinon, ce seraient de simples missionnaires.

— Mercenaires, corrigea machinalement Noph.

— C’est ça, des mandataires.

— Des mercenaires ! Des gens qui se battent en échange d’un salaire : des mer-ce-nai-res !

Becil hocha aimablement la tête.

— Oui, des mammifères. C’est pour ça que le poste de héros ne vaut pas à son détenteur les sortilèges d’une vie de luxe et de lascivité.

— Oisiveté.

— A tes souhaits. Ce que je veux dire, c’est que quand un héros fait une bonne action, il n’en retire aucun sacrifice fiscal, parce que ce n’est pas lui qui est récompensé, mais le monde entier.

Noph comprit soudain. C’est le monde entier qui en reçoit les bénéfices. Il baissa les yeux vers les deux petits tas de cendres.

Khelben n’avait tiré aucun profit de l’évasion des condamnés. Il n’avait rien à gagner en tenant secrète l’identité d’Eidola. Il n’avait pas profité de l’« absence » de Piergeiron pour s’emparer du pouvoir. Dans tous les cas, Eau Profonde avait bénéficié de ses actions. Blackstaff était un héros parce qu’il n’agissait pas pour lui-même, mais pour tous les autres.

— Puisque nous parlons de mammifères, il serait juste que certains d’entre nous, qui réverbèrent le dieu argent, aient une chance de se prostater devant son autel…

— Se prosterner, corrigea Noph, irrité. N’utilisez pas des mots que vous ne comprenez pas.

— Bref, coupa Becil, j’ai

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